Cher·e collègue Directrice et Directeur des Soins,
Notre métier est une troisième carrière.
Nous avons le plus souvent exercé plusieurs années en qualité d’infirmière diplômée d’Etat, diplôme délivré après trois années de formation en alternance de niveau licence universitaire.
Puis nous avons exercé au minimum 5 ans en qualité de Cadre de Santé. Cela exige de réussir aux épreuves très sélectives du concours d’admission à l’Institut de Formation des Cadres de Santé. Ce centre de formation spécialisé en management des équipes, et plus particulièrement des équipes de soins, s’organise en partenariat avec l’université au sein de laquelle nous obtenons généralement un Master, sur le même principe que pour toutes les autres filières universitaires, mais spécialisé dans le domaine de la gestion des ressources humaines, du droit hospitalier de la pédagogie et en économie de la santé.
Bon nombre d’entre nous, après avoir exercé plusieurs années en qualité de cadre de santé, sommes nommés Cadres Supérieurs de Santé, collaboratrices ou collaborateurs directs de la Directrice des Soins. Ce grade est obtenu par voie de concours sur titres.
Enfin, nous devenons Directrice/Directeur des Soins, par voie de concours d’admission à l’Ecole des Hautes Etudes de Santé Publique après 12 mois de formation aux côtés des autres filières DH, D3S, avec lesquelles nous partageons certains travaux et enseignements en groupes multi filières.
Notre longue expertise de terrain, doublée d’une formation universitaire de haut niveau, nous permet de connaître parfaitement l’organisation et le fonctionnement d’un établissement de santé.
En qualité de Directrice/Directeur des Soins, selon le décret de 2002, nous sommes chargés de la coordination générale des activités de soins infirmiers, de rééducation et médico-techniques; ou bien de la direction d’un institut de formation (professions paramédicales et CS), parfois d’une direction fonctionnelle, éventuellement de missions ou d’études dans le champ sanitaire, social et médico-social. Nous pouvons également par voie de détachement ou de mise à disposition, exercer des fonctions de conseiller technique ou pédagogique à l’échelon régional ou national, ou se voir confier des missions, études ou coordinations d’études dans le champ sanitaire, social et médico-social.
Ainsi, notre expertise nous confère une légitimité auprès des soignants en lien avec le patient et toute une équipe, et en particulier le corps médical avec lequel nous avons exercé des années en étroite collaboration. Nous maîtrisons l’art du management de proximité et savons identifier et surmonter ses aspects complexes car ces difficultés nous sommes entraînés à les gérer depuis de nombreuses années sur le terrain.
Nous sommes au cœur du fonctionnement de l’hôpital, aussi bien avec la prise en charge des patients et de la qualité et la sécurité des soins que des relations avec les médecins, les projets stratégiques, les ressources humaines et le dialogue social et la gestion des agents, le suivi des Equivalents Temps Plein, la gestion de crise, les restructurations et déménagements, les aspects techniques, logistiques et informatiques…
Notre statut nous nomme de droit membre de l’équipe de direction, membre du Directoire, président·e de la Commission en Soins Infirmiers et Personnels de Rééducation Medico techniques. Nous exerçons des missions transversales de haut niveau au cœur de l’organisation et du fonctionnement de l’établissement et en étroite collaboration avec tous les membres de l’équipe de direction, le chef d’établissement et les représentants du corps médical.
Pourtant, alors que nous représentons et gérons le plus souvent 70 % du personnel hospitalier, notre niveau de reconnaissance statutaire reste inférieur à celui de nos collègues DH et D3S. Contrairement aux DH et aux D3S, nous ne sommes pas reconnu·e·s au niveau A+; nous sommes également moins payé·e·s. Notre rémunération indiciaire est inférieure et notre grade reste de niveau A quand notre fonction relèverait du niveau A+. Notre mobilité est impactée en situation de mutation vers d’autres fonctions publiques; en effet ce niveau A nous oblige à remplir des fonctions d’encadrement de base ignorant notre position de dirigeant·e·s à part entière au sein de la fonction publique hospitalière.
De plus, nos postes ne sont plus attractifs, les candidats au concours se font plus rares. Désormais 20% de nos postes sont occupés par des CSS ou CS, ainsi que certains contractuel·le·s (2%). Certains de nos postes sont vacants (6%), ce qui interroge sur la réalité de la coordination des soins dans ces établissements. Phénomène qui décrédibilise notre rôle. Nos effectifs ont baissé de 16% en 10 ans. Nous ne sommes plus que 659 DS en France pour 908 postes.
Nos rémunérations réelles ont baissé d’au-moins 1200 euros chaque mois en raison de l’inflation et de la non valorisation des traitements et des primes en 20 ans. D’ailleurs, certain·e·s d’entre nous étaient exclu·e·s des gardes administratives avant 2017.
Certain·e·s d’entre nous subissent la souffrance au travail et les agissements des managers brutaux. Nos conditions de travail se dégradent, notamment sur le nombre d’heures passées au travail (50 heures par semaine en moyenne, au-delà de la durée légale).
Nous constatons que bien souvent l’organisation des pôles, au lieu d’être un outil d’évolution, a été un moyen de quasi mise à l’écart des DS. Bien sûr que la reconnaissance des soignants paramédicaux et des CSS / CS doit être appréciée et soulignée mais qu’en est-il de l’évolution de carrière des DS ?
Dans ce contexte, le Collectif National des Directrices et des Directeurs de l’UFMICT-CGT propose pour les DS :
• L’alignement statutaire DS sur les DH/D3S
• Un « choc d’attractivité » nécessaire pour les DS par l’alignement statutaire sur le statut rénové des DH-D3S et une reconnaissance de la place des DS dans la gouvernance de l’établissement
Notre plateforme revendicative UFMICT-CGT émet des exigences en termes de management alternatif pour répondre aux besoins du service public et à la santé de la population.
Nous voulons des statuts renforcés et notamment un CNG au service des personnels de direction.
Nous demandons des règles de mobilité rénovées, plus transparentes et égalitaires. Nous exigeons le recrutement de 1000 directeurs·rices (pour les 3 corps) afin de retrouver les niveaux de 2010.
Nous demandons un accès à la formation d’au-moins 20 jours par an afin de gagner en compétences et en qualifications dans nos fonctions.
Nous revendiquons une augmentation de nos rémunérations (+35% en début de carrière, +25% en fin de carrière) pour compenser nos pertes de pouvoir d’achat.
Nous voulons de meilleures conditions de travail et notamment une politique de santé au travail pour les personnels de direction et la fin des managements brutaux.
Nous demandons l’égalité professionnelle.
Rejoignez le Collectif National des Directrices et des Directeurs UFMICT-CGT !
Donnons une voix alternative au sein des instances nationales !
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